Sensible à la spécificité créole de ces quartiers Serge Letchimy parlait de ces quartiers comme une « mangrove urbaine » et c’est à son initiative que cette vaste opération d’aménagement a été lancée voilà une quinzaine d’années. Le projet de réhabilitation du quartier est mené par la ville de Fort-de-France et son mandataire la SEMAFF, en partenariat avec la DEAL, principal financeur des opérations de RHI (Résorption de l’habitat insalubre).

Dans son ensemble, l’opération de réhabilitation comportait trois tranches opérationnelles :

  • la réalisation d’une voie sur berge le long de la Rivière Madame en trois tronçons d’aménagement
  • le réaménagement du reste du quartier inscrit dans la RHI (Résorption de l’habitat insalubre) scindé en six phases, la première d’entre elles étant Citron-Chapelle
  • le site de relogement définitif de Morne-Coco qui accueillera des familles originaires (propriétaires) du quartier Trénelle délogées dans le cadre du traitement de la RHI.

Avec quelque 2 500 habitants (estimation), le site est très peuplé. Dans l’ensemble, les occupants sont très attachés à leur quartier et se sentent concernés par l’opération de réhabilitation. Il est donc essentiel d’améliorer l’habitat pour privilégier le maintien sur site.

Quels sont les objectifs de cet aménagement ?

– supprimer l’habitat insalubre (environnement dégradé, insuffisance de fondations) et améliorer le quotidien des habitants

– assainir, sécuriser, valoriser le quartier et conforter les constructions soumises aux risques d’inondation, sismique et de mouvement de terrain

– réaliser une voie de désenclavement qui résoudrait les problèmes de rejets d’eaux usées, d’éclairage et d’aération, les dépôts d’ordures sauvages

Ainsi, l’aménagement consiste, entre autres, à construire des enrochements bétonnés, à mener des travaux de déblais et de remblais et des ouvrages hydrauliques de traversée afin de canaliser les eaux du quartier de Trénelle, à installer un éclairage publique…

Nous avons rencontré Catherine Paul-Joseph et Philip Eadie de la Semaff qui font le point.

Où en est-on ?

Catherine Paul-Joseph :

Les maisons proches du lit de la rivière ont été démolies afin de conforter les berges et libérer un accès pour toutes les équipes de secours. Les personnes déportées sont relogées provisoirement depuis quelques années. Cette nouvelle année devrait voir les premiers coups de pioche de cette vaste opération de relogement définitif. La poursuite du chantier permettra de désenclaver Trénelle Citron. Des travaux sont effectués aux alentours de la chapelle Citron. L’objectif étant de raccorder les habitations à l’eau et l’électricité avec des compteurs aux normes, étant entendu qu’aujourd’hui encore, les branchements de fortune sont toujours en service. Les maisons étant enchevêtrées les unes aux autres, ce travail s’avère fastidieux

Avez-vous établi un calendrier ?

CPJ

– La finalisation de la voie sur berge est attendue pour 2021 et les mises aux normes de Trénelle Citron pour le premier trimestre de cette année. Ce qui permettra à chaque propriétaire de disposer de ses propres compteurs.

Philip Eadie :

– Parallèlement, des travaux seront menés afin de régulariser la partie habitat, un travail très dense également. Tous les terrains appartiennent à la ville de Fort-de-France et font l’objet de baux de location, en d’autres termes, les habitants sont propriétaires du bâti mais pas du terrain. Actuellement, la ville de Fort-de-France et la Semaff se concentrent sur la rétrocession des terrains aux occupants, opération qui transite par leur raccordement effectif au réseau d’assainissement et à la question sismique du plan de prévention des risques. Ultérieurement, lorsque la situation sera clarifiée, tous les terrains – déjà construits – seront vendus à coût modéré. Une opération légitime dans la mesure où la ville a investi dans la voierie et a entrepris des travaux de réhabilitation. Loin de vouloir faire de la spéculation foncière, la ville tient à délivrer – moyennant des prix tout à fait abordables – des accès à la propriété, et avec eux, la possibilité de gérer les biens (vendre, léguer, rénover, emprunter ou louer). Cette régularisation prend aussi une forme d’intégration des occupants de Trénelle dans la société foyalaise.

Qu’adviendra-t-il des habitations abandonnées ?

PE

Pour ce qui est des maisons abandonnées, vétustes et détruites, des choix seront faits selon la constructibilité des terrains. On pourra envisager la destruction ou la reconstruction de nouveaux logements, la mise en place d’espaces urbains, ou carrément l’aménagement d’activités économiques (surtout des entreprises de services). La réhabilitation – selon une chirurgie urbaine – se fait dans la spontanéité mais, autant que possible, avec l’adhésion de la population. Il n’est nullement envisagé de raser pour faire des immeubles mais plutôt de régénérer des quartiers de la ville en concertation avec les nouvelles générations. Nous travaillerons avec elles et pour elles afin de développer des structures convenables.

Quelle est la réaction des habitants ?

CPJ

– D’une façon générale, la population adhère à toutes les initiatives. Il s’agit d’une reconnaissance de la ville à leur égard en tant qu’occupants d’un quartier et qu’à ce titre, nous souhaitons améliorer leur habitat…