Aujourd’hui, les drones ne se limitent plus aux activités militaires ou de loisirs, ils offrent un potentiel d’applications qui constituent des opportunités étonnantes pour les entreprises des secteurs de l’ingénierie et de la construction.

Des concentrés de technologies

Les drones embarquent toutes sortes d’outils relevant de technologies diverses : GPS, caméras infra-rouge, scanners laser, imagerie 3D, etc. Associés à des logiciels performants, ils étendent drastiquement le champ d’opérations et augmentent les capacités d’analyse d’une entreprise. En un mot, c’est une énorme valeur ajoutée qu’ils apportent au secteur de la construction.

Applications à tous les étages !

Lorsque l’on entend parler de drones dans le secteur de la construction, la première tâche qui vient à l’esprit est la prise de mesures. Mais les drones sont capables de faire bien plus : inspecter des sites, assurer la sécurité d’équipes, permettre des modélisations, construire des structures, déceler des défauts de construction…

La mesure, les cotes

Comme il est possible d’équiper les drones de caméras de tous types liés à des logiciels puissants, hautement technologiques, les captations permettent de relever quantité de données qui, converties, intéressent plus d’un secteur : géomètres et topographes évidemment, mais aussi les services d’aménagement de territoire, d’urbanisme, et même l’agriculture.

La prise de vue aérienne numérique – l’orthophotographie – est une image sans distorsion, caractérisée par une échelle uniforme sur toute sa surface.

Selon le logiciel utilisé et le mode de captation, l’image obtenue est bi/tridimensionnelle. Un assemblage superposé à un géo-référencement révèle une cartographie très précise. Aujourd’hui, on réalise aussi des cotes avec une tolérance de mesure de l’ordre de 1 à 3 cm, et parfois en dessous d’un centimètre pour des zones très localisées. Après mappage, les dispositifs (caméras + logiciels) enregistrent les coordonnées 3D de millions de points d’un terrain. Un outil appréciable pour calculer des volumes, des profondeurs et établir une modélisation 3D parfaite donnant lieu à des plans d’architecture et d’aménagement sur site extrêmement précis.

Les applications concernent de nombreux domaines : agriculture de précision, foresterie, mines et carrières, routes et chemins de fer, inspection des infrastructures et des lignes électriques, ainsi qu’en archéologie.

Cette visualisation automatique en temps réel (sans devoir se rendre sur le site) est largement utilisée par les bureaux d’études qui travaillent avec le BIM. Actuellement, la technologie LiDAR (Light detection and ranging), une technique de télédétection par laser, permet de réaliser des mesures de haute précision et de représenter un environnement en temps réel dans un nuage de points au cours d’une mission drone.

La détection

Avec une caméra thermique infrarouge, l’analyse offre un diagnostic complet d’un bâtiment avec détection de déperditions d’énergie (idéale pour déceler les « passoires thermiques »), de zones humides, de moisissures, de ponts thermiques, de défauts dans des conduites… Une assistance précieuse au service de la construction durable.

Autre avantage de l’orthophotographie, le survol de sites dangereux, très végétalisés, encombrés ou inaccessibles à pied.

Un exemple : selon des relevés topographiques avec estimation de différentes hauteurs et pentes, un opérateur français et son partenaire Caterpillar ont réussi à détecter les quantités de terre soulevées afin d’optimiser l’utilisation de véhicules de chantier.

La surveillance

Evidemment, le drone s’impose aussi comme moyen de surveillance sur les chantiers et les sites. Et ce, 24 h/24. Comment ? A l’aide de drones géostationnaires filaires reliés à un câble d’alimentation au sol (de 20 à 30 mètres) et équipés de zooms superpuissants permettant une surveillance permanente captive. De quoi déceler des vols, des effectifs manquants…

Avec un matériel plus léger, il est tout à fait possible de constater un sinistre, d’inventorier un stock de matériel en hauteur, de vérifier l’avancement d’un chantier et la qualité du travail fourni. Le drone étant autonome, ses trajectoires préprogrammées donnent des comparatifs ultra-précis dans le temps.

La sécurité

Le secteur de la construction est le plus touché par les accidents graves. En survolant et en inspectant des sites qui semblent présenter des risques pour les ouvriers, le drone a un rôle préventif et sécuritaire.

Nettoyage, entretien, traitement

Des drones conçus pour pulvériser des produits liquides à la verticale et à l’horizontale sont aujourd’hui utilisés dans le traitement de toitures (mousses…), dans l’entretien, la protection ou le nettoyage (haute-pression) de surfaces et façades. Ainsi, une pompe puissante au sol est reliée par un tuyau de 30 mètres au pulvérisateur du drone. Ce type de dispositif, opérationnel en quelques minutes, permet un accès facile et rapide de zones difficilement accessibles comme les toits. Des applications pour la mise en peinture verront le jour prochainement.

L’assistance « livraison »

La livraison par drone, chère à Amazon, Rakuten ou la Poste, connaît encore pas mal de ratés à résoudre : sécurité, autonomie, charge… En revanche, à l’intérieur d’un périmètre restreint, sécurisé et par temps sec et calme, un drone autonome peut tout à fait se déplacer verticalement afin d’assister une équipe de construction dans la livraison de petit outillage entre étages. De quoi limiter les risques de chutes durant des travaux en hauteur.

Certains modèles récents peuvent enfin réaliser des tâches courantes dans le secteur de la construction à condition de rester basiques et légères : transport de petit matériel, pose de canalisation, travail dans des espaces réduits inaccessibles aux ouvriers, serrage de boulons et vis…

Vers une révolution technologique dans le secteur de la construction.

Plusieurs rapports font état d’un marché du drone global qui pourrait avoisiner douze milliards de dollars d’ici quelques années* dans les secteurs de l’industrie et de la construction. Des aéronefs capables de voler sans pilote offrent l’opportunité encore peu exploitée de simplifier les processus et de réaliser des économies. Pas étonnant donc que cette tendance s’amplifie dans le futur, au rythme du développement des applications professionnelles.

* Selon les analyses du cabinet Gartner et relayées par BPI France

Piloter un drone, que dit la loi ?

L’arrivée massive de ce type d’engins s’est accompagnée de problématiques : respect de la vie privée, question du survol de zones sensibles, dégâts humains et matériels en cas de perte de contrôle… Ces risques ont imposé un cadre d’utilisation et des compétences minimales pour les piloter.

En effet, bien que la majorité des drones soient autonomes, un pilote doit être prêt à reprendre le contrôle de l’appareil à tout moment. Il doit aussi maintenir un contact visuel constant avec son aéronef. Et bien sûr il doit se mettre en conformité avec la loi. Les règles qui régissent leur utilisation sont issues du secteur de l’aviation. Et il faut savoir que la réglementation a changé depuis le 1er juillet 2018.

Pour pouvoir exercer une activité de pilote dans le cadre de l’usage professionnel de drones (liés à une activité commerciale), il faut être titulaire d’une licence délivrée après réussite à un examen théorique et d’une formation pratique obligatoirement réalisée dans un centre de formation.

De même, dans le cadre d’une exploitation commerciale, et peu importe l’appareil volant utilisé, il est obligatoire de déclarer son activité auprès de la DGAC (direction générale de l’aviation civile). Tous les drones professionnels doivent d’ailleurs être homologués par la DGAC.

L’alternative : s’adresser à des prestataires de services

La réglementation de l’activité et l’importance de l’investissement dans un matériel adéquat a pour corollaire le développement important d’un marché de prestataires de services de plus en plus spécialisés.