Définition : matériaux issus de la matière organique renouvelable (biomasse), d’origine végétale ou animale, pouvant être utilisés comme matières premières dans des produits de construction et de décoration, de mobilier fixe et comme matériau de construction dans un bâtiment (cf. arrêté du 19 décembre 2012 relatif au contenu et aux conditions d’attribution du label bâtiment biosourcé).
Les produits issus de la filière bois
Le bois
Premier matériau de construction biosourcé sur le plan du volume.
En matière de sylviculture, une petite production de bois issus des mahoganys a été mise en place sur l’île par l’Office National des Forêts, à raison de 1200 ha de forêt utilisée pour un rendement d’environ 5.500 m3 de bois par an.
Toutefois, malgré les atouts de ce bois pour l’ébénisterie ou la charpente, les débouchés locaux demeurent limités du fait de la concurrence des bois d’importation.
Le bambou
Il existe plus de mille trois cents espèces et quatre-vingt-dix genres de bambous répartis dans le monde entier, Amérique, Afrique, Océanie et surtout en Asie, il résiste sous tous les climats même à -20 °C. Ressource quasi inépuisable, le bambou se révèle porteur de nombreuses promesses pour la construction locale.
Matière première naturelle rapidement renouvelable, ses nombreux avantages techniques en font un produit écologique. Le bambou est 27% plus dur que le chêne, sa contraction et sa dilatation par la chaleur sont 50% inférieures à celles du chêne et sa structure particulière en fait une espèce peu sensible aux changements d’humidité relative à l’air.
Un des porteurs de projet de la filière bambou en Martinique au sein de l’association Kebati explique que le bambou s’avère plus solide que l’acier et que, correctement assemblées, les structures en bambou sont résistantes aux séismes et ouragans.
Effectivement, ses qualités physico-chimiques sont impressionnantes. Soumis à des tests de compression, de cisaillement, de tension et de flexion, les bambous de construction (Stenotachya et Guadua en particulier) sont beaucoup plus performants que le Douglas. Riche en silice le bambou est 30% plus dur que le chêne.
Soit un excellent matériau de construction.
Afin de développer la filière, un travail doit s’engager au niveau de la R&D (procédés de traitement et de transformation, assurer la stabilité d’approvisionnement), élaboration de normes (fiabilité et qualité de constructions), de certifications, mise en place de formations (porteuses de création d’emplois).
Bambousa vulgaris : espèce invasive
La forte teneur en amidon de cette espèce de bambou la rend plus sensible aux attaques d’insectes xylophages.
Ce type de bambou ne se prête à priori pas à la réalisation de la structure d’un ouvrage, mais il peut convenir parfaitement aux aménagements extérieurs (carbets, volets, revêtements de sols, bardages, etc.).
En Martinique, plusieurs acteurs de type associatif ou même des entreprises travaillent avec ce bambou dans l’objectif de le valoriser.
Bambousa Guadua Angustifolia
Bambou utilisé le plus fréquemment dans la construction.
Il a été introduit en Martinique voilà plusieurs années afin d’être utilisé dans la construction. Faute de marchés et de règles professionnelles, son marché n’a pu se développer. Depuis, il est présent en Martinique, notamment aux jardins de la Bambouseraie Sainte-Marie.
Son utilisation est notamment envisagée dans le cadre d’un programme innovant de la commune du Prêcheur au Nord de la Martinique. En effet, dans le cadre du programme « Opérations d’Habitats Renouvelés en Outre-Mer » et du concours d’idées visant à faire émerger des pistes de solutions nouvelles, un jury – sous la coprésidence du directeur de la DEAL de Martinique – a choisi de désigner quatre lauréats. L’un des projets tire parti des principes d’économie circulaire et présente une conception structurelle intéressante en bambou, avec une grande souplesse d’aménagements intérieurs.
Sa culture
Le bambou atteint sa maturité après 3 à 6 ans à partir du moment où il commence à sortir de terre. À ce stade, les fibres sont plus fortes et il y a moins d’humidité dans le chaume. Il y a quelques signes révélateurs pour déterminer si une tige est prête à être récoltée. Dans les climats tropicaux, les plus vieux chaumes sont ceux qui sont recouverts de plus de lichen et de mousses. Propres et lisses, les tiges sont sans doute de nouvelles pousses qui n’ont pas les qualités solides structurelles nécessaires pour la construction. Sous les tropiques, la récolte se fait à la fin de la saison des pluies, lorsque les insectes sont moins actifs. Les chaumes sont coupés au plus près de la base, au premier nœud situé au-dessus de la terre au-dessus du nœud.
Il est préférable de récolter le bambou lorsque la teneur en amidon de la plante est plus faible et donc moins sensible aux attaques des insectes (surtout les scolytes, minutus Dinoderus).
Les produits issus de l’agriculture (banane, canne à sucre, ananas, coco…).
Ces matériaux sont valorisés pour des applications en isolation, en décoration et en composites. Ils sont issus de l’agriculture, notamment des cultures de la canne à sucre, de la noix de coco, de l’ananas et de la banane, quatre productions potentiellement intéressantes pour fabriquer localement des écomatériaux.
En effet, en Martinique, une entreprise est sur le point de transformer les résidus de bagasse de canne à sucre en isolant sous toiture.
Les fibres de bananiers sont valorisées par une entreprise de placage (voir article p. 192).
La fibre de coco est utilisée dans le traitement des eaux usées (Procap utilise le biofiltre à coco). Une solution d’assainissement durable, économique, écologique, et particulièrement adaptée aux spécificités climatiques de nos régions.
Laboratoire à ciel ouvert au Prêcheur
Dans le cadre des opérations d’habitats renouvelés en Outre-mer, les prototypes présentés servent aujourd’hui d’expérimentations à des constructions relançant les filières biosourcées. En effet, des recherches sur les gisements disponibles ont mené à la conception de plusieurs architectures contemporaines perpétuant la tradition constructive. Ces prototypes constitués majoritairement de bambou, briques de terre crue, bois caraïbe, blocs de chanvre, mais aussi pouzzolane des lahars, briques de terre… permettront de réduire les émissions de CO2, de limiter les excavations, de signer une forte efficacité énergétique … Ces expérimentations et recherches sur le développement de nouvelles filières de matériaux sont en cours au Prêcheur.
*Étude portant sur l’utilisation de la terre crue et du bambou afin de répondre aux besoins des secteurs de la construction (gros œuvre et second œuvre) et de l’aménagement paysager.
Au regard de la situation géographique et des ressources, cette étude vise à aider, à déterminer un plan d’action, une stratégie permettant de qualifier voire d’encourager et de développer le recours à ces matériaux dans les projets de construction ou de rénovation.