Comment la domotique permet-elle aux entreprises d’augmenter leur productivité ?
Les entreprises semblent avoir été plus réceptives à la domotique que la sphère privée avec des demandes qui concernent principalement la gestion énergétique (éclairage, climatisation, ventilation) et la surveillance. Mais elle va bien au-delà d’un diagnostic puisqu’elle agit aussi sur le système. La domotique repose sur l’élaboration de scénarios, de successions prévues de plusieurs tâches coordonnées entre elles et déclenchées en même temps. Des protocoles exécutent automatiquement des tâches (simultanées ou successives) et, à partir d’une application, gèrent des fonctionnalités liées à l’organisation, la maintenance, la surveillance et la sécurité.
Rencontre avec un spécialiste de réseaux domotiques, Hervé Voltier.
– Comment se porte la domotique en entreprises aux Antilles ?
Les entreprises n’ont fait qu’effleurer les capacités actuelles de la domotique. Le marché, même résidentiel, est encore balbutiant et reste cantonné à diverses fonctions, principalement, dans le secteur tertiaire. Mais on note une progression et une certaine diversification de la demande.
– Quelle est votre définition de la domotique ?
La domotique, ou l’immotique (si on parle d’immeubles), propose à un utilisateur une interface simple pour réaliser plusieurs tâches complexes.
On parlera de « hub » (le lien entre équipements et matériel d’origines distinctes) pour les particuliers, et d’automate ou processeur, à l’échelle des entreprises, sachant que la notion de processeur est beaucoup plus étendue et ouverte que sa version industrielle.
En fait, l’automate est une espèce de cerveau capable de s’adresser à (et commander) plusieurs modules : réglage et mise sous tension d’un appareil audio, gestion de la climatisation…
Ce type de domotique s’applique à divers besoins ayant pour finalité d’économiser l’énergie et d’améliorer le confort. Dans ce cas, le système prend en compte les informations de capteurs reliés à l’automate qui canalisent un ensemble de paramètres (hygrométrie, luminosité, température…) permettant au système de déclencher des prises de décision définies par le programmeur.
A quels autres niveaux peut intervenir la domotique ?
Une autre demande concerne la GTB (gestion technique du bâtiment), un dispositif dont la domotique s’est progressivement emparée. Les équipements fournissent des informations ou anomalies (ampoule défectueuse, départ de feu, fenêtre restée ouverte, porte non verrouillée…) afin que le processeur transmette des alarmes et exécute des solutions de contournement.
La supervision fait aussi partie des requêtes. Son efficacité dépend de constantes (enregistrées) d’un immeuble ou d’une pièce. Et dès qu’on sort du profil de cette constante, l’action se déclenche. Un exemple, après un délai d’inactivité détecté dans une pièce, le processeur va décider d’éteindre des appareils toujours en fonction : ordinateurs, Vidéoprojecteurs, climatiseurs…
Cette notion de supervision a-t-elle une incidence sur la sécurité ?
Oui, forcément. Aujourd’hui, à distance sur tablette, on peut vérifier une présence, l’état d’un accès, actionner son verrouillage ou son déverrouillage…
Concrètement, la surveillance d’un site distant est envisageable d’où que l’on soit, via une interface graphique. C’est le genre de dispositif que des agents de sécurité seraient amenés à utiliser pour surveiller et gérer plusieurs sites d’où qu’ils soient, via une interface sur tablette. Ce même dispositif permet aussi de superviser ou de lancer une alerte à distance via un terminal mobile connecté en 3 G ou 4 G, ou encore via les nouveaux réseaux dédiés aux objets connectés.
Quelles sont les demandes les plus récurrentes de la part des entreprises ?
Les entreprises nous consultent pour organiser leur contrôle d’accès, répondre à des besoins de supervision… Mais aussi pour répondre au besoin de rendre plus simple l’utilisation d’installations complexes et élaborées. Une des applications peut être d’automatiser toutes les actions permettant d’aboutir à la réalisation d’une visio-conférence : Mise en service du vidéoprojecteur, de la sonorisation, du système de vision conférence, descente de l’écran, jusqu’à réduire automatiquement le niveau d’éclairage …
Une seule touche sur la tablette remplace la gestion de tous les interrupteurs, de toutes les télécommandes.
A quel moment intervenez-vous ?
Pour installer un système domotique complet, le mieux est d’intervenir dès la conception du bâtiment, bien que les bureaux se composent souvent de faux plafonds, idéaux pour accueillir et dissimuler les câblages. Le « sans fil » est aussi envisageable mais le filaire a cet avantage de ne pas se laisser perturber par des signaux radio étrangers…
Quels sont vos projets majeurs ?
Un de nos projets se concentre sur l’affichage dynamique (diffusion d’informations en temps réel sur une problématique d’urgence). Par exemple, en cas d’incendie, des prescriptions directionnelles s’affichent sur écran à l’intention des malentendants. C’est aussi la preuve que la domotique peut apporter des réponses à des problématiques complexes ou même servir des causes. Engager des challenges sur des besoins appliqués à un bâtiment fait aussi l’objet de partenariats avec des bureaux d’études ou d’architectes.