La production d’électricité en Guyane est portée par les énergies renouvelables avec une part dans le mix énergétique de 62%, dont 54% par l’hydraulique. La situation géographique de la Guyane en fait un territoire électrique qualifié « d’insulaire » puisqu’aucune interconnexion n’existe avec d’autres réseaux.Cet état de fait rend, encore plus qu’ailleurs, essentiel le fait de valoriser les énergies renouvelables sur l’ensemble du territoire.

Eau, soleil, biomasse, éolien, autant de ressources qui font de la Guyane la première région de France dans le domaine des énergies renouvelable, nous vous en proposons aujourd’hui un état des lieux.

L’hydroélectrique en Guyane

Le réseau hydrographique offre une ressource abondante, des débits importants et la présence de sauts. Deux types d’installations existent et sont susceptibles de développement :

  • Des centrales dites « au fil de l’eau » (comme la centrale Voltalia de Saut Mama Valentin à Mana), disposant d’une capacité limitée (de l’ordre de 5 MW) ;
  • Des installations de plus grande capacité à l’image du barrage de Petit-Saut qui supposent l’ennoiement de surfaces importantes par la création d’une retenue d’eau.

Réalisée dans le cadre du schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE), une étude a permis d’identifier une soixantaine de projets potentiels pour une production estimée à 150 MW dans les 10 à 15 années à venir.

La construction d’un second barrage équivalent à celui de Petit-Saut est à l’étude mais se heurte à de nombreuses contraintes environnementales puisqu’une installation de ce type a de nombreuses conséquences, tout particulièrement par la décomposition de la biomasse dans son réservoir qui émet énormément de gaz à effet de serre.

Le solaire photovoltaïque et le solaire thermique

Le gisement solaire moyen annuel de la Guyane s’élève à 1222 kWh/m²/an. A titre indicatif c’est environ 20% de moins qu’aux Antilles ou à la Réunion. Les installations situées sur le littoral auront tendance à produire d’avantage que les chiffres indiqués (environ 10% de plus).

Notons qu’au cours de ces vingt dernières années, 1 MW photovoltaïque a été installé sur le territoire pour alimenter des sites isolés.Le potentiel de production en photovoltaïque pourrait représenter plus de 100MW en 2030. Le solaire thermique possède pour sa part, un fort potentiel de développement notamment en bénéficiant de l’accroissement de la construction, notamment de logements collectifs et de primes incitatives pour l’installation dans l’existant.

Une première mondiale avec la construction d’une centrale avec stockage de 55 MW

Le 28 mai 2018, l’entreprise HDF Energy a annoncé la livraison, en 2020, de la Centrale électrique de l’Ouest guyanais (CEOG), un parc solaire de 55 MW situé à proximité de Saint-Laurent du Maroni, s’inscrivant dans les objectifs de la Région en matière d’énergies renouvelables.

La grande force de ce projet est qu’il associe les panneaux photovoltaïques à une unité de stockage s’appuyant sur la technologie de l’hydrogène.

Le principe de cette technologie est simple : l’électricité photovoltaïque produite sert à hydrolyser de l’eau, produisant de l’hydrogène (et de l’oxygène), stocké sous forme de gaz comprimé dans de grands conteneurs de 12 mètres de long. L’hydrogène ainsi stocké peut ensuite être brûlé dans une pile à combustible pour produire de l’électricité quand les panneaux n’en produisent pas (la nuit ou par temps couvert). La capacité totale de stockage atteindra 140 MW soit davantage que les 129 MW de la batterie géante de Tesla en Australie !

La biomasse en Guyane

La Guyane doit atteindre 40 MW d’ici 2023 afin de respecter les objectifs de la Programmation pluriannuelle de l’énergie de la Guyane (PPE). La biomasse, qui regroupe l’ensemble des matières organiques d’origine végétale ou animale pouvant devenir des sources d’énergie, représentera près de 14 % de l’énergie produite en Guyane, contre moins de 1 % actuellement. Les études menées ces dernières années ont permis d’identifier les différents gisements exploitables notamment issus :

  • Des défriches agricoles à des fins de constructions immobilières,
  • Des déchets d’exploitation forestière (ouverture de pistes),
  • Des déchets de scieries,
  • De l’exploitation forestière de bois-énergie en complément du bois d’œuvre,
  • De l’exploitation de forêts à vocation énergétique.

Cette diversité de gisements fait la filière biomasse une filière d’avenir pour le territoire, créatrice d’emplois et présentant un débouché pour le traitement des déchets issus des scieries et des défriches agricoles et à des fins de constructions.

L’exploitation des gisements de biomasse est aujourd’hui limitée par certaines contraintes :

  • Les contraintes de garantie d’approvisionnement,
  • La gestion des stocks
  • Les contraintes économiques (coûts de production, de faibles des rendements, tarifs d’achat de l’électricité produite faibles),
  • Les difficultés de transport,
  • L’impact environnemental d’une mauvaise exploitation de la forêt (dans le cadre de l’exploitation du bois ou de la défriche agricole) à des fins énergétiques.

L’éolien en Guyane

L’essentiel du potentiel se situe sur la bande littorale avec un régime venteux modeste mais régulier. Un premier projet de fermes éoliennes à Matiti a été retenu dans le cadre d ’un appel d’offre national pour une puissance installée de 9 MW et devrait se concrétiser dans les prochaines années.

Le Schéma Régional Eolien (SRE) annexé au Schéma Régional Climat Air Energie (SRCAE) a permis de mieux définir le potentiel de cette ressource (évaluée entre 30 et 100 MW) et les zones favorables à son développement.

D’autres pistes ont été étudiées…

La géothermie n’est pas une ressource pertinente pour la Guyane de par sa géologie.

Les énergies marines sont à étudier et à évaluer ; les côtes guyanaises sont caractérisées par de faibles profondeurs et un envasement naturel très fort limitant d’autant l’usage de l’énergie marine. En effet, ces énergies peuvent mobiliser la force de la marée, de la houle, des vagues, des courants marins ou encore de la différence de températures entre les grands fonds et la surface.

Les déchets ménagers constituent un « gisement » estimé au global à 110 00 tonnes d’ordures ménagères et 25 000 tonnes de déchets industriels banals (DIB). La quantité moyenne de déchets d’ordures ménagères est, quant à elle, évaluée à 365 kg/hab./an (moyenne nationale : 425 kg/an/hab.).

Au regard du gisement global des déchets, les politiques de traitement et de valorisation des déchets suggèrent un fort potentiel de valorisation organique et énergétique (compost, biogaz, production d’électricité, etc.). Toutefois, à ce jour le potentiel n’est pas mobilisé du fait de la faible quantité d’unités de stockage, de tri et de traitement des déchets valorisables.

Révision de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE)

Celle-ci s’inscrit dans la période 2019-2028. Il s’agit de prioriser les actions à mener afin de pourvoir le territoire guyanais en énergie. La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte fixe des objectifs propres aux territoires d’outre-mer : 50% d’énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie en 2020 et autonomie énergétique pour 2030. En Guyane la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité atteignait déjà 64% en 2014. L’objectif est de dépasser les 85% d’électricité d’origine renouvelable d’ici 2023.