Présentation annuelle des chiffres-clés de l’eau

En marge du Plan d’Actions Prioritaires acté en 2018, il avait été décidé de rendre publics chaque année les « Chiffres-clés de l’eau ». Réalisé par l’Observatoire de l’Eau, le document est le fruit d’un travail collaboratif entre l’Office de l’Eau, les services et établissements publics de l’État (DEAL, ARS et Préfecture), le Conseil Régional, le Conseil Départemental et les différents opérateurs du territoire. L’édition annuelle des « chiffres clés » traduit la volonté des différents acteurs du territoire d’apporter une information fiable et transparente sur le fonctionnement des services publics de l’eau et de l’assainissement tout en présentant l’avancement des différentes actions engagées depuis 4 ans.

Le rapport 2021 a été présenté le 16 février dernier, il concerne les chiffres de 2019, la pandémie ayant perturbé la collecte des indicateurs pour 2020. A cette occasion, le nouveau Syndicat Mixte de Gestion de l’Eau et de l’Assainissement de Guadeloupe (SMGEAG) créé le 1er septembre 2021 a été présenté.

Le contexte géographique, la pression sur la biodiversité

Rappelons que les ressources en eau ne sont pas réparties de manière uniforme sur l’ensemble du territoire. Les eaux de surface proviennent exclusivement de la Basse-Terre, où les prélèvements sont complétés par des eaux de source. En Grande-Terre et à Marie-Galante, seules des eaux souterraines sont captées.

La majorité de l’eau destinée à l’alimentation en eau potable (AEP) est donc prélevée sur la côte-au-vent, considérée comme le château d’eau de la Guadeloupe, notamment à Petit-Bourg et à Capesterre-Belle-Eau. Cette eau sert à alimenter l’ensemble du territoire guadeloupéen via d’importantes infrastructures de transfert d’eau potable (les feeders).

Encore trop de pertes…

Sur les 82,3 millions de mètres cubes (Mm3) d’eau prélevés pour l’AEP en 2019, 78,9 Mm3 ont été rendus potables et mis en distribution sur l’ensemble de la Guadeloupe. Mais seulement 37 % de l’eau (28,9 Mm3) a été comptabilisée comme consommée par la population, soit une perte de 63% ! En cause les nombreuses fuites sur les réseaux de distribution d’eau potable ; la vétusté de certains compteurs qui sous-estiment les volumes ou ne les comptent plus ; l’existence de piquages clandestins sur le réseau.

Cette déperdition entraîne des prélèvements largement supérieurs aux besoins pour compenser (3 fois plus que nécessaire !), induisant une trop forte pression sur les milieux aquatiques et mettant en péril notre biodiversité, d’autant que l’année 2019 a été particulièrement sèche…

Distribution de l’eau potable : où en est-on ?

Rappelons qu’en 2018, l’État, la Région et le Département ont signé une convention d’engagements mutuels pour une sortie durable de la crise de l’eau en Guadeloupe, à travers un Plan d’Actions Prioritaires (PAP) de 71,4 millions d’euros destiné à fiabiliser et moderniser les infrastructures de production et de distribution d’eau potable.

Un peu plus de 3 ans plus tard, la situation s’améliore même si les usagers n’en ont pas toujours conscience en ouvrant le robinet… Comme le montre la carte, de nombreux travaux sont achevés ou en cours.

La Région a la maîtrise d’ouvrage de 14 opérations dont 10 sont terminées : le renouvellement des réseaux sur Capesterre-Belle-Eau, la réhabilitation des captages de la côte-sous-le-vent, le renouvellement du feeder de Vernou et sa connexion au feeder de Belle-Eau-Cadeau …

Parallèlement, un Plan de lutte contre les fuites sur les réseaux d’eau potable a été lancé dans la continuité des travaux qui avaient été entrepris lors de la réquisition préfectorale au début de la crise sanitaire de 2020. Le Conseil Régional a engagé une mission de sécurisation de l’alimentation en eau potable sur les zones alimentées par les 3 principaux feeders eau potable (Belle-Eau-Cadeau, Moustique et Vernou) notamment Capesterre-Belle-Eau, Sainte-Anne et Saint-François. Elle s’articule autour de 4 axes de travail :

– la recherche et la réparation de fuites : « identifier-prioriser-réparer » ;

– le déploiement de la télégestion ;

– l’amélioration de la performance des réseaux ;

– la sécurisation de la production d’eau potable.

Après une phase transitoire, ces missions seront transférées au nouvel opérateur unique le SMGEAG.

 

Le Département contribue au Plan d’Actions Prioritaires à travers 16 opérations auxquelles 2 opérations ont été ajoutées en 2021. Début 2022, 40% sont terminées, 25% en cours et 35% restent à faire. Les priorités en matière de travaux sont la réhabilitation d’usines de production d’eau, de réservoirs, de postes de pompages, de réseaux et branchements pour le compte des usagers en eau potable sur l’ensemble du territoire.

34 km de réseau ont été sécurisés sur les communes de Vieux-Habitants, Vieux-Fort, Pointe Noire et Gosier. Parmi les opérations, certaines sont achevées (renouvellement de 15 km de réseau dans les Grands-Fonds), en cours (réhabilitation de l’usine de Moustique à Petit Bourg), ou prévues (usines plus anciennes de Beauvallon à Basse-Terre et Morne Houel à Saint-Claude où de gros travaux auront lieu en 2022, 2022 et 2024). Les captages en rivière de Vernou et Moustique sont en cours de remise à niveau. Parmi les nouvelles opérations décidées en 2021, la reprise des branchements sur les zones de Morne-à-l’Eau, Petit Canal et le sud Basse Terre, se poursuit de manière assez rapide.

Des motifs d’optimisme sont permis : fin 2022 la situation de la distribution d’eau potable devrait être nettement meilleure !

Le SMGEAG, nouveau syndicat mixte unique

Le 1er Septembre 2021, une nouvelle gouvernance des services publics d’eau potable et d’assainissement a été mise en place. Cette date marque ainsi la prise de compétence du Syndicat Mixte de Gestion de l’Eau et de l’Assainissement de Guadeloupe (SMGEAG), qui reprend les missions des anciens opérateurs. Cet opérateur unique (à l’exception de Marie Galante) est organisé en 1 Direction technique : en charge de la qualité de l’eau, pilote la recherche/réparation de fuites, assure la gestion patrimoniale et l’harmonisation des pratiques d’exploitation ; 3 Directions territoriales (toutes les missions d’exploitation eau, assainissement collectif et non collectif ) : DT Basse-Terre, DT Centre, DT Grande-Terre ; 10 agences clientèle gérées au sein de la Direction Clientèle et Communication et 1 Direction Etudes et Grands Travaux en charge de la mise en œuvre des travaux structurants.